Le château de La Bâtie-Neuve fait partie des défenses édifiées par les évêques de Gap pour protéger les biens qu’ils ont acquis en Gapençais au X° siècle. Daté du XIII° siècle selon la tradition, il est en fait construit à la fin du XII° siècle et n’est constitué que d’un donjon de taille exceptionnelle et de ses dépendances comme le château de La Bâtie-Vieille qui lui date des défenses de la fin du XI° siècle.
Ce n’est qu’au XV° siècle que ce donjon est complété par un ensemble de bâtiments borné de quatre tours encadrant une cour rectangulaire, par l’évêque Laugier de Sapor dans le premier quart du siècle puis par l’évêque Gabriel à la fin du siècle. À l’image de cette maquette du château amputée d’une aile dans son état au début du XX° siècle.
Endommagé en 1517 lors des guerres d’Italie, le château est investi en 1575 et rasé par les troupes de Lesdiguières en 1577 pendant les guerres de religion. Il est reconstruit par Étienne de Bonne fin XVI°-début XVII° siècle suivant son plan initial : un ensemble constitué de trois corps de bâtiments borné de quatre tours et jouxtant un donjon.
Victime de la campagne dévastatrice du duc Amédée de Savoie en 1692 et d’un grave incendie qui ruine le bourg en 1737, le château est réparé par les possesseurs successifs du fief François de Neuville-Villeroy puis Mathieu de Louvat au XVIII° siècle.
Vendu comme bien national en 1796 au cultivateur Jean-Étienne Arnaud, celui-ci le divise en lots qu’il revend à des particuliers en 1813, la commune achetant la tour nord-est (A) pour y installer l’école des filles en attendant la construction d’une école communale.
Le château n’étant pas entretenu, la tour nord-ouest et l’aile sud attenante sont constatées écroulées en 1897.
Une dégradation déjà visible sur cette gravure de 1859.
Les propriétaires du château se refusant tous travaux de réfection, ce qui reste des bâtiments tombent en ruine et la classe des filles est transférée dans une nouvelle école construite promenade du Serre en 1906.
Une reproduction d’un relevé au sol de ce qu’il reste du château en 1913.
Un état du château dans la première moitié du XX° siècle.
À noter : la classe des filles occupait l’étage de cette tour nord-est cachant en partie le donjon.
Le même état vu de l’autre côté.
Le château est dans un tel état de vétusté que la moitié du donjon s’effondre en mai 1951...
... Écrasant en partie une maison mitoyenne et faisant deux victimes.
Le château est alors démoli définitivement. Ne sont conservées que la base de la tour nord-est, une salle basse attenante devenue salle communale et le soubassement de la tour nord-ouest consolidée quant à elle par les Amis du Patrimoine bastidon.
Si l’origine du donjon remonte la fin du XII° siècle, le château lui-même est du XV° siècle et ce qu’il en reste date peut être de sa reconstruction de la fin XVI°-début XVII° siècle.
Un souvenir de cette histoire est une pierre gravée du blason de Lesdiguières sauvegardée par Mr ESCALLIER et confiée aux Amis du Patrimoine bastidon.