C’est le 13 juin 1752 que Dame Catherine née de LOUVAT (ou LOVAT) et Angélique, femme et fille de César d’AGOULT, conseiller au parlement de Grenoble et sieur de La Bâtie-Neuve et autres places, engagent Michel HOEZ natif de Strasbourg pour installer et diriger une fabrique de faïences sur leur terre, à charge pour elles de le loger, le doter des moyens nécessaires et payer ses ouvriers.
Le site d’extraction de la terre grasse, fine, malléable et durcissant au four nécessaire reste inconnu mais est probablement localisé au Parquet dans un endroit dit lou peissier (la réserve de poissons) ou à la Pastandière où furent trouvées les ruines d’un four aujourd’hui disparues. Un mémoire de 1784 notera que cet argile conservait quelques impuretés et ne se prêtait pas bien au vernissage.
Monographie de Nerte GERAKIS-ESCALLIER
La BÂTIE-NEUVE dans les Hautes-Alpes
Michel DRAUSSIN
L’eau nécessaire était prélevée dans les grands marais s’étendant au nord ouest du bourg. Une eau qui était mélangée à l’argile et filtrée plusieurs fois pour obtenir une boue fine. Cette boue était alors séchée à l’air libre puis foulée au pied pour devenir liante et enfin stockée en pavés à l’abri jusqu’à son emploi.
Les pièces elles mêmes étaient cuites dans un four à environ 1000° C. La localisation de ces fours est également inconnue, peut être au bord du chemin montant à Saint-Pancrace ou plus probablement dans les jardins de la Pastandière où un four a existé mais de toute façon à l’écart du bourg pour éviter de mettre le feu aux toitures en chaume des maisons.
Ces fours consommaient beaucoup de bois alors que les forêts étaient déjà surexploitées par la construction des maisons, le chauffage, la vie domestique et le pâturage. Et le droit de prélèvement de bois des dames de LOUVAT sur le fond commun, entre autres au Sapet, fut longtemps contesté.
Le détail des fabrications des premières années d’exploitation est connu. Elles comprenaient essentiellement des pièces de vaisselle courantes mais aussi des crachoirs et pots de chambre comme des encriers et bénitiers. Ces pièces avaient un style imité du Moustiers sans son éclat ni sa qualité mais étaient de bonne facture et vendues dans la région et à Grenoble.
Le stockage de la matière première, des moules et des pièces finies et les travaux de modelage, moulage, cuissons, émaillage et décoration exigeaient de l’espace et les ateliers, d’abord à proximité des fours, se retrouveront dans les murs du château.
Le 16 octobre 1759, Melle de LOUVAT et le marquis d’AGOULT vendent la faïencerie qu’ils ont dans le château à Jean-Baptiste AUDIBERT, ouvrier tourneur de la fabrique originaire de Monmeyan en Provence. Michel HOEZ, resté directeur, est remplacé à son décès en 1762 par Jean-Baptiste GUILLEMIN, ouvrier peintre de la fabrique originaire de Nevers.
Grand plat à bord contourné produit par la fabrique
La production moins connue semble avoir été réduite et toutes les installations rassemblées dans les murs du château. Un état des lieux de 1769 précisera que la porte d’une écurie est dite entrée de la fabrique et des indices laissent penser que la production reste encore notable en 1772. Après un déclin irrémédiable, la faïencerie ne produit cependant plus que de la poterie courante en 1784.
Encrier pique-plume
Dans un inventaire de 1789, Jean-Baptiste GUILLEMIN se voit même cité comme détenteur d’une tuilerie, si utile au remplacement du chaume des toitures par une couverture moins inflammable. Il vit alors misérablement et mourra le 18 novembre 1795.
Entretemps en pleine Révolution, un nommé GUIRAMAND venu de Moustiers tente de relancer la faïencerie en 1789 et obtient même pour cela une subvention départementale en 1791. Il doit malgré tout éteindre ses fourneaux en 1796 et mettre un terme à cette expérience industrielle.
Gourde à passants
Rafraichisseur à bouteille
Photographies faites avec l'aimable autorisation du Musée Muséum de Gap.
Décor de grand feu bleu et manganèse.
Diam. 24. H. 21,7 cm.
Fabrique de la Batie-Neuve, vers 1750 /60
Inv 486
Il comporte un rebord dans la partie haute, soulignée de filets bleu et manganèse, ainsi que la bas. La pièce est décorée d’une dentelle à l’ossature manganèse, rehaussée de bleu.Les anses sont en tête de lion, gueule ouverte, crinière bleue.
L’émail est gris, mal venu, granuleux ; la dentelle est l’œuvre d’un peintre maladroit.
Texte tiré du livre « Céramique Les collections du Musée de Gap ».
Décor de grand feu polychrome.
Diam. 18. H. 26 cm.
Fabrique de la Batie-Neuve, vers 1762 /95
Inv 489
Don G. de Manteyer.
On peut facilement imaginer que cette gourde a été fabriquée pendant la direction de Jean-Baptiste Guillemin, tant cette pièce est d’inspiration nivernaise. Comme pour les autres faïences de la production La Batie-Neuve l’émail est sale, gris, terne. Le décor très simplifié se compose de filets manganèse et jaune, et de motifs à l’éponge ou putoisé au pinceau. Des rameaux très simplement fleuris prennent place dans l’ondulation qui orne la panse. Décor de triangles et de tortillons sur le col.
Texte tiré du livre « Céramique Les collections du Musée de Gap ».
Décor de grand feu polychrome.
Diam. 18. H. 26 cm.
Fabrique de la Batie-Neuve, vers 1762 /95
Inv 489
Don G. de Manteyer.
On peut facilement imaginer que cette gourde a été fabriquée pendant la direction de Jean-Baptiste Guillemin, tant cette pièce est d’inspiration nivernaise. Comme pour les autres faïences de la production La Batie-Neuve l’émail est sale, gris, terne. Le décor très simplifié se compose de filets manganèse et jaune, et de motifs à l’éponge ou putoisé au pinceau. Des rameaux très simplement fleuris prennent place dans l’ondulation qui orne la panse. Décor de triangles et de tortillons sur le col.
Texte tiré du livre « Céramique Les collections du Musée de Gap ».
Décor de grand feu vert et manganèse.
Diam. 12. H. 8 cm.
Fabrique de la Batie-Neuve, vers 1750 /60
Inv 487
Don des Amis du Musée en 1920
Sa fabrication est peu soignée, le corps de l’encrier s’affaisse, il manque de la matière sur le bord supérieur. Les trous n’ont pas été ébarbés, les filets sont mal posés. Jusqu’à l’émail qui est très maigre et teinté de vert par l’oxyde de cuivre employé pour le décor.
Le décor est fait de filets et de fleurettes dans le genre de Moustiers. La même main a exécuté ce décor et celui du plat n° 41 (inv. 488) *
Texte tiré du livre « Céramique Les collections du Musée de Gap ».
• Grand plat à bord contourné ci-dessous.
Décor de grand feu polychrome.
Dim. 39 x 28 cm.
Fabrique de la Batie-Neuve, vers 1750 /60
Inv 488
La bordure est formée de quatre grandes accolades intercalées de lobes réguliers, formant rebord. Cette forme est assez proche de certaines faïences de Strasbourg d’où Hoez était originaire.
Le décor, bien équilibré est composé de huit fleurettes stylisées dans le genre de Moustier, posées symétriquement sur l’aile, et d’une fleur au cente. L’émail n’est pas de bonne qualité, mais l’ensemble ne manque pas de charme.
Texte tiré du livre « Céramique - Les collections du Musée de Gap ».
Ces deux assiettes sont dans la collection du Musée Muséum de Gap.
Elles sont probablement issues de la faïencerie de la Batie-Neuve sans que cette origine soit formellement attribuée.
Cette assiette, dans le style de Moustier, est aussi dans les collections du Musée de Gap.
Elle n'a pas d'attribution précise :
" Provence".
Elle est dans le style des faïences de Moustier mais ressemble étrangement à l'assiette ci-dessus, possiblement originaire da le Batie-Neuve.