Calcaires à Nummulites de Faudon, Ancelle (Hautes-Alpes)

    Figure 1 :
         a - Hélicite d’une ligne de diamètre [=2,256 mm]
         d - la même hélicite grossie à la loupe pour en faire voir les stries.
     Figure 2 :
         b - Hélicite de plus de trois lignes de diamètre [=6,77 mm],
          elle a en partie perdu la couche supérieure.
          e - la même grossie à la loupe.
    Figure 3 :
          c - Hélicite de plus de six lignes de diamètre [=13,54 mm].
         f - la même grossie à la loupe.

Selon le dictionnaire «  Le Robert » une légende est un récit populaire traditionnel, plus ou moins fabuleux.

Nous vous proposons le récit de 4 légendes rattachées à notre territoire :
-    Le sentier des lentilles.
-    Le combat de Mallemort.
-    Jean de Tube et les casses de Faudon.
-    L’âne de Ruelle.

Les 3 premières se passent au Nord de notre commune, autour d’un territoire dont  la propriété a longtemps était disputée entre ancellus et bastidons.

• Le sentier des lentilles :

    Le site de Faudon est riche en fossiles témoins de la présence des mers avant le soulèvement des Alpes (- 30 millions d’années). Parmi ces fossiles on trouve de nombreuses nummulites.

Calcaires à Nummulites de Faudon, Ancelle (Hautes-Alpes)

    Figure 1 :
         a - Hélicite d’une ligne de diamètre [=2,256 mm]
         d - la même hélicite grossie à la loupe pour en faire voir les stries.
     Figure 2 :
         b - Hélicite de plus de trois lignes de diamètre [=6,77 mm],
          elle a en partie perdu la couche supérieure.
          e - la même grossie à la loupe.
    Figure 3 :
          c - Hélicite de plus de six lignes de diamètre [=13,54 mm].
         f - la même grossie à la loupe.

La légende dit qu’un pèlerin marchant sur un sentier, interrogea un paysan qui semait des lentilles dans son champ : « Que semez-vous ? ». Pour se moquer l’homme lui répondit : « Je sème de petites pierres ». « Eh bien, mon brave, répliqua le pèlerin, vous ne récolterez que de petites pierres ! » De fait, lors de la récolte, les légumineuses s’étaient métamorphosées en ces petits disques que les touristes trouvent toujours le long du sentier dit des lentilles.

• Le combat de Mallemort :
      La scène se situe au XVe siècle au quartier de MALLEMORT, à mi-distance entre le col de Moissière et le village de la Bâtie-Neuve. 

La légende dit qu’un combat meurtrier se serait déroulé entre les bastidons et les habitants d’Ancelle, à propos de pâturages mal délimités mais très convoités. 

    Voici comment on la raconte à Ancelle :  « Pour tromper leurs ennemis en les portant à croire à une retraite, les gens d’Ancelle avaient ferré leurs mulets à rebours et s’étaient placés en embuscade au flanc de la montagne. » Trompés par ces traces, les bastidons ont crus les Ancellus partis dans la direction inverse. Mais ceux-ci s’étaient cachés et attendaient leurs adversaires. « Tombant ensuite sur les gens de La Bâtie, ils les avaient taillé en pièces. Les victimes pansèrent leurs blessures, à quelques pas de là, auprès d’une source nommée depuis la Fontaine des Trépassés ».

   A la Bâtie-Neuve on raconte la même histoire mais en sens opposé : l’idée de ferrer les mulets à l’envers serait née dans l’esprit des bastidons et c’est ainsi qu’ils auraient massacré les Ancellus.

  Que ce soit ou non la conséquence de ces combats, le châtelain du Champsaur est sommé de régler les désaccords en 1445 et une sentence arbitrale fixe des limites aux terrains litigieux et en définit les droits d’usage en 1452. Entretemps, les meurtriers, excommuniés par l’évêque de Gap, seigneur de la Bâtie-Neuve, s’étant pourvu au tribunal du Dauphin, suzerain de l’évêque, obtiennent la levée de leur excommunication en 1450 au terme d’une transaction entre les partis. Malgré́ ces accords et sentences, des différents se perpétuent et ne prendront fin qu’avec la fixation d’une nouvelle délimitation intercommunale au XIX° siècle. 

• Jean de Tube et les casses de Faudon :

   Ces Casses résultent de l’éboulement d’un pan de montagne sur un plaquage morainique recouvrant des Terres Noires. Il en résulte un amoncellement de gros rochers, caillasses et terres incultes, stabilisé depuis longtemps. 

    Au-dessus de l’éboulement, sous le Mont St-Philippe, le site de l’ancien village de Faudon et de son lac donne son nom aux Casses. 

    L’histoire se déroule à la fin du moyen-âge alors que Monseigneur GAUCHER de FORCALQUIER était évêque de Gap. Il venait de temps en temps prendre quelque repos dans son château de la Bâtie-Neuve. 
    La légende dit qu’il fut un jour avisé qu’un de ses sujets avait vu s’engloutir trois de ses cavales dans le Gouffre de Faudon et qu’il mettait cet accident sur le compte du Diable qui s'était installé en ce lieu sur un 

énorme bloc rocheux appelé depuis, la chaise du Diable. 
Terrorisé l’homme vint trouver son évêque. Celui-ci l’envoya chercher en Avignon un célèbre devin pour le ramener et trouver le moyen de chasser le démon. Ce qui fut fait mais sans résultat. Les pouvoirs magiques du devin restèrent sans effet.
 

 
    Comme Mgr Gaucher de Forcalquier rêvait de voir l’armée du GRAND TURC, il demanda au magicien, qui n’avait pas regagné Avignon, de faire apparaître ces redoutables combattants. Le  devin fit alors sortir de la cheminée du château bastidon, un grand nombre de gens en armes, heureusement de taille réduite. Aussitôt ils commencèrent à se livrer bataille, à tout casser dans la pièce, donnant une si grande frayeur à l’évêque qu’il eut de la  fièvre durant deux mois et faillit en mourir. Il supplia le magicien de faire disparaître ces soldats, ce qu’il ne put faire. Il pouvait juste les transporter dans un autre lieu qu’on lui indiquerait. Mais qui aurait voulu de ces diableries turcs sur son terrain ?
    Jean de TUBE, un agriculteur du village, proposa une solution : vers le milieu de la route des Casses, il possédait un verger et acceptait d’y accueillir l’armée miniature, dans l’intention d’aller ensuite la noyer dans le Gouffre de Faudon. Les turcs montèrent dans le champ qu’ils ravagèrent, arrachant cultures et arbres si bien que la terre en devint définitivement stérile : ce pré n’a plus jamais rien produit. Ces ravages durèrent neuf ans. L’évêque ordonna des prières publiques, des processions et enfin des exorcismes qui mirent fin à cette machiavélique aventure. 
    L’on prétendit longtemps, que de larges crevasses, des affaissements de terrain apparaissaient régulièrement dans les Casses, la montagne glissant peu à peu. C’étaient les Bouches de l’Enfer desquelles montait la rumeur de l’armée et la plainte éternelle du malheureux Jean de Tube. Car nul ne sait ce qu’il advint de lui, Mgr Gaucher de Forcalquier mourut après quarante-deux ans d’épiscopat. Il n’oublia jamais l’aventure de Faudon. ( D’après Emile ESCALLIER)

•  L’âne de Ruelle.

  Il y a, au-dessus de « La Rochette », dominant la haute vallée de la  LUYE, une montagne bizarre qui ressemble au chapeau gris de l’Empereur Napoléon.  

     Pendant les cent-jours celui-ci est passé juste à côté, au col Bayard, et depuis on l’appelle le chapeau de Napoléon. C’est une falaise abrupte que couronnent des forêts de sapins et des pâturages. 

   Il y court la mésaventure de l’âne de RUELLE. Personne ne saura dire qui était RUELLE, mais son âne était plus célèbre à La Bâtie-Neuve que le cheval blanc d’Henri IV.

    La légende dit qu’un petit âne gris, têtu et bête tenait dans la vie de son pauvre maître une place importante. Ruelle, pour rien au monde n’aurait vendu son âne. Souvent on les voyait cheminer dans la campagne, l’un tirant l’autre. 

Et un jour, ce fut sur le chapeau de Napoléon, que les deux personnages accomplirent une besogne mystérieuse. Arrivé au bord de la falaise l’homme se pencha presque à tomber dans le vide et vit à mi-hauteur de la paroi un nid d’aigle. Il imagina vite les œufs qui devaient s’y trouver. La faim étant plus forte que tout il se retourna d’un coup vers son âne comme quelqu’un qui vient de prendre une décision capitale. Il fouilla dans son sac et y prit une solide corde à lier les trousses de foin. En un tour de main il se l’entoura autour des reins et passa l’autre extrémité au cou de son âne. 

 « Hue, hue, » les voilà au bord de la falaise ; il se laissa glisser dans le vide au bout de sa corde, descendit en se retenant aux pousses d’herbes qui garnissaient les fentes de la roche, jusqu’à ce qu’il vit apparaître le magnifique nid avec les œufs tant convoités. Arrivé au bord du vide, son imbécile de bourriquet fut pris d’une curiosité folle et baissa la tête pour assister au spectacle. Ruelle au bout de sa corde ne pouvait rien faire et l’âne sentit la corde glisser autour de son cou puis passer au-dessus de sa tête. 
Ruelle tomba et disparu dans un tourbillon de poussière. 

A-t-il survécu?

Nous ne le saurons jamais car les différentes versions de cette légende n’ont pas la même fin.